A la sortie de son premier album sous G-Unit "Straight Outta Ca$hville", Young Buck, le sudiste du groupe, est passé du statut d'artiste le moins bon (étant le moins exposé par rapport aux autres) à celui d'artiste le plus talentueux. La raison de ce changement d'opinion vient de cet album, qui a montré une certaine alchimie entre le G-Unit et le Dirty South. Une autre raison, le fait que Young Buck soit le soldat le moins exposé aux beefs, ce qui plait même aux haters du G-Unit. Trois ans après cet album (considéré par beaucoup comme étant la meilleure sortie du label), Young Buck revient avec ce "Buck The World", un opus attendu par beaucoup d'auditeurs.
La question à se poser était de savoir comment le jeune rappeur de Nashville allait évoluer artistiquement entre ces deux albums. Nous avons la réponse avec la première track "Push 'Em Back", où Buck prouve qu'il n'a rien perdu de son mordant, aussi bien dans les lyrics que dans le flow, plus posé qu'avant mais toujours aussi efficace. La track "Buss Yo' Head" continue dans cette lancée, Buck a la dalle et ça se ressent, comme peut aussi l'indiquer le single "Get Buck" produit par le très demandé Polow Da Don (dont la prod peut faire penser à du Timbaland), un très bon banger où Young Buck montre son flow ravageur 100% sudiste.
Ce "Buck The World" possède un avantage particulier, c'est qu'il possède un casting très riche, qui convie à la fois des gros producteurs et des invités très prestigieux. En termes d'invités, Young Buck fait la part belle à la scène du Sud. Le duo de Memphis 8-Ball/MJG est présent sur le flamboyant "Say It To My Face" (tiré d'un requiem de Mozart), morceau où pose aussi la première moitié des UGK, Bun B. Le rappeur à succès d'Atlanta Young Jeezy a répondu aussi présent à l'appel, respectivement sur le très South "Pocket Full Of Paper" et le royal (comme l'indique le titre de la track) "4 Kings" produite par Jazze Pha, où viennent aussi s'incruster l'autre moitié des UGK, Pimp C, et aussi le King Of The South T.I. . Cet album possède aussi quelques teintes West Coast par ses guests, comme Snoop Dogg sur le bon "I Ain't Fucking Wit U" (avec aussi Trick Daddy), la chanteuse Latoiya Williams au refrain du posé et très mélodieux "U Ain't Going Nowhere", une très bonne production de Dr Dre et le crooner Kokane sur l'excellentissime "Haters", une track produite par Vitamin D (qui pourrait faire penser à du Dre) où un Young Buck ici des plus remontés s'adresse à tous les haters et rageux, à la fois de lui et du G-Unit, et leur recommande de rester éloignés de lui.
Toujours du côté des guests, cet album recèle d'autres surprises. Tout d'abord, le chanteur de reggae Ky-Mani Marley (le fils du légendaire Bob du même nom) sur le morceau "Puff-Puff Pass", un morceau traditionnel sur la beuh, sans grande originalité. L'autre surprise (double, qui plus est) vient du morceau "Slow Ya Roll", sur lequel un invité non moins étonnant vient poser son refrain. L'invité en question est le rockeur Chester Bennington. Eh oui, ce n'est pas un rêve, le célèbre chanteur du groupe de fusion Linkin Park partage la vedette avec un rappeur sudiste. Un rockeur avec un rappeur, on pouvait s'attendre à quelque chose de très violent comme chanson. Contre toute attente, non. Ici, la production signée D.O.C est très calme (mais réussie) et Buck se fait ici plus posé, très introspectif, où il raconte son passé ainsi que son entourage, dont certaines personnes peuvent être exposées à la mort ("See when she catch this nigga she gon' do somethin/Not fight, but shorty gon' shoot somethin/But she never got a chance, a change of plans/Shot herself in the back puttin the gun in her pants" ou encore "My auntie just find that she got AIDS/And it's fucked up, cause her life don't end/And she locked up, so she dyin in the pen', damn). Une chanson finalement très touchante et pleine d'émotion avec un magnifique final signé Chester.
Dans cet album, Young Buck montre son efficacité à poser à la fois sur des morceaux posés et des productions violentes. Du cöté calme, il suffit d'écouter la track éponyme "Buck The World" avec le chanteur Lyfe Jennings au refrain. Et du côté plus festif, nous avons droit au bon "Money Good", une track sur l'argent, peu originale mais sympathique, ainsi qu'au très bon autre single de l'album "I Know You Want Me", produite par Jazze Pha. Du côté hardcore, Buck nous démontre ses talents sur deux grosses tracks, "Clean Up Man" et "Lose My Mind". Sur la première track, Young Buck s'affiche comme étant le "Clean Up Man", autrement dit "l'homme de nettoyage"(en référence au surnom qui lui a été attribué par la maison Interscope), le pilier du G-Unit. La deuxième track "Lose My Mind" est à réserver à un public averti, car certaines personnes pourraient se sentir déconcertées à l'écoute de cette track. En effet, sur cette production sombre signée Eminem, Buck y montre son côté torturé en se donnant des airs très rageux du fait de sa voix, affichant ainsi une puissance vocale très proche de celle des chanteurs de métal. Une escapade hard-rock à consommer avec modération pour certains, sans modération pour les autres.
Young Buck nous livre ici un très bon deuxième album, différent du premier, où il démontre encore une fois sa différence par rapport à ses collègues du G-Unit, en offrant un opus très versatile. La différence avec "Straight Outta Ca$hville" caractérise le fait que le G-Unit soit presque absent de l'album. Car le G-Unit est ici représenté uniquement par 50 Cent, qui fait une apparition sur le très rétro "Hold On" (produite par Dr Dre) ainsi que sur la disstrack "Funeral Music", un diss dédié à Cam'Ron que l'on retrouve en Ghost-track à la fin de "Lose My Mind".
Ce "Buck The World", en conclusion, vaut son pesant d'or et s'affiche en définitve comme étant l'une des meilleurs sorties du G-Unit... qui pourrait aussi s'annoncer comme la dernière du label. En effet, au moment où cette chronique est rédigée, le label subit de multiples tourments :
_Des beefs qui n'en finissent plus (The Game, Cam'Ron...)
_Des artistes qui partent (Olivia, Mase...), d'autres de niveau moyen qui arrivent (Hot Rod, Mazaradi Fox...)
_Des artistes qui "moisissent" en voyant leur réputation ternie par le public (M.O.P., Spider Loc)
_...
Bien que cet album dans son contenu ne soit pas un album G-Unit, il reste un album provenant de la clique de 50 Cent, simplement par le logo "G-Unit" marqué derrière la pochette de l'album. Voyant ce logo, beaucoup de personnes ne pourront s'empêcher de crier au scandale et de cracher sur cet album sans aucune raison (comme cela a pu étre le cas sur quelques projets G-Unit antérieurs). Alors qu'il suffit de savoir rester calme, et de raisonner de cette manière : enlevez les oeillères, branchez les sonotones et essayez de voir plus loin que ce à quoi vous vous attendiez.
1 Push 'Em Back ====> 9/10
2 Say It To My Face (feat 8-Ball, MJG & Bun B) ====> 9/10
3 Buss Yo' Head ====> 9/10
4 I Ain't Fucking Wit U (feat Snoop Dogg & Trick Daddy) ====> 8/10
5 Get Buck ====> 8.5/10
6 Buck The World (feat Lyfe Jennings) ====> 8/10
7 Slow Ya Roll (feat Chester Bennington) ====> 9/10
8 Hold On (feat 50 Cent) ====> 8/10
9 Pocket Full Of Paper (feat Young Jeezy) ====> 8/10
10 Haters (feat Kokane) ====> 9/10
11 U Ain't Going Nowhere (feat Latoiya Williams) ====> 9/10
12 Money Godd ====> 6.5/10
13 Puff-Puff-Pass (feat Ky-Mani Marley) ====> 6/10
14 Clean Up Man ====> 8/10
15 4 Kings (feat T.I., Young Jeezy & Pimp C) ====> 9/10
16 I Know You Want (If You Want Some) (feat Jazze Pha) ====> 8/10
17 Lose My Mind ====> 8/10
Note Globale : 16.5/20
Jeu 24 Mai - 0:51
